Je ne sais pas pourquoi c'est lui. Ça n'aurait pas dû être lui. Je le déteste. Adam est grand, Adam sourit pour un rien, Adam passe tout le temps sa main dans ses cheveux, Adam s'amuse des autres, Adam a des amis dont il ne connaît pas le nom. Adam est mon antithèse. Un oxymore à sa façon. Mais Adam était dans cette salle de classe ce dimanche après-midi à cette heure précise; et Adam m'a fait voyager là où je n'avais jamais osé mettre les pieds. Il m'a fait sauter dans le vide en me jurant qu'il me rattraperait. Je dois être stupide. Je me le dis parfois. Je me dis que je n'aurais pas dû accepter, que je n'aurais pas dû dire oui, que je n'aurais pas dû être déraisonnable. Je me dis que c'est stupide ce qu'on fait, que de toute façon il va me larguer pour une autre dans un mois, une semaine, qu'il va me laisser et me pointer du doigt en riant devant ses amis. Je me dis qu'on ne devrait pas jouer comme ces gamins dans la cour de récré - on ne devrait pas jouer à être amoureux. C'est dangereux. Mais quand je le vois au détour d'un couloir ou qu'on se croise dans l'escalier; quand il me sourit naïvement et que je soupire; quand il me prend la main et que je la serre pour ne pas tomber; je me sens vivante. Mon cœur qui danse. Adam Richmond. Je te déteste tellement que je dois t'aimer.

Voilà. Jason; ça aurait dû être lui. Je le suivais lorsqu'il sortait de sa salle de classe et je priais pour qu'il me remarque lorsque je passais près de lui. Je me cherchais des excuses pour pouvoir le voir, lui parler, même une seconde. J'aurais fait n'importe quoi pour être à ses côtés je crois. N'importe quoi. J'étais un peu folle, sûrement. Et puis il y a eu ce jour de décembre où il a compris que je le suivais et où on est allés m'acheter un manteau. Un instant j'ai cru que je pouvais lui plaire, vraiment. Au final je ne me souviens de ce malaise que j'avais à chaque pas, me demandant quoi dire, quoi faire; j'avais pourtant imaginé un moment comme celui-là pendant des heures. Mais j'étais tellement stressée ! Tellement stressée à l'idée de ne pas être comme il voudrait, à l'idée qu'il ne soit pas comme je le pensais. Alors on a payé et on est rentrés à l'académie. C'est tout. C'est tout. Jason était un rêve. Mon rêve un peu trop beau et un peu trop grand.

Noah, c'est mon petit frère. Pas mon vrai petit frère, bien sûr, ma mère galérait déjà avec une gosse alors deux, n'imaginez même pas. Mais dans mon cœur, c'est comme s'il était de ma famille. Il est idiot, trop intelligent, pervers sur les bords. Il a des idées bizarres, il filme sa vie et commente tout et n'importe quoi avec le plus grand des sérieux. Il m'agace, souvent. Il m'embête, me tirait les cheveux quand on était petits, me volait mes cookies. Mais étrangement, je crois. Je crois vraiment que je l'adore. Il a toujours été là, à côté de moi. A me dire de me bouger, à me balancer des coussins dans la gueule, à rire de tout et de rien. A me sourire quand il le fallait, à me reprocher les choses qu'il devait me reprocher. Toujours. Il fait partie de mon décor. Une vie sans lui, ce serait la chose la plus étrange au monde. Ce serait vide. Mon adorable Noah. Touchez-le et je vous mords. Parce qu'on sera frère et sœur jusque dans la tombe. Je vous en fais le serment.

Il me saoule, il me gonfle, il m'exaspère, il me fait chier, je le déteste, c'est qu'un con fini, un crétin de première, si je pouvais je le noierais dans de l'acide et je le finirais au broyeur. Je peux continuer encore longtemps, mais je vais m'arrêter là. Lukas, je ne l'aime pas. Et je sais qu'il ne m'aime pas non plus. Il ne se passe pas un jour sans qu'on ne s'engueule au milieu d'un couloir, il ne se passe pas un jour sans que j'ai envie de le frapper de toutes mes forces, il ne se passe pas un jour sans qu'il ne m'enfonce avec des remarques acides, il ne se passe pas un jour sans que mes yeux s'enflamment de colère.
Et s'il se passe un jour sans ça. C'est chiant à dire, mais c'est triste.
Ne lui dites jamais, oh putain non, jamais ne lui racontez ça, mais quand il ne vient pas me voir. Ou quand nos pas ne se croisent pas dans les méandres de l'académie. A la fin de la journée, j'ai une impression d'ennui. Comme si cette colère m'était nécessaire. Ce qui est purement et simplement idiot. Genre on pourrait être amis. Qu'il aille se faire foutre.

Rosie, c'est ce genre d'amie que vous détestez mais qu'il vous faut quand même. C'est celle qui va venir me voir et me traîner là où je veux pas aller, parce qu'en fait elle s'en fout de ce que je peux bien penser. Elle a besoin de quelqu'un, elle, pour ne pas être seule; et parfois c'est moi qu'elle choisit voilà tout. Quelque part je pense que je dois bien l'aimer. Elle me fait sortir de mon quotidien avec une facilité déconcertante, m'arrache un sourire quand je voudrais l'engueuler. Mais surtout, elle sait ce qui est bien pour moi. Toujours. Elle sait quel vêtement choisir pour que je me sente bien, quelle musique mettre en fond quand j'ai envie de hurler. Elle me fait essayer ses fringues et je lui dis que c'est moche, toujours, parce que ça me tuerait vraiment de lui dire que j'adore ce qu'elle fait. Je lui dis d'aller se faire foutre quand je voudrais la serrer dans mes bras. Je claque la porte en me cassant pour ne pas lui faire comprendre que je me suis attachée à elle. Parce que Rosie je la déteste. Mais j'en ai besoin quand même.

Lula, s'il n'y avait pas Noah, je lui aurais déjà cassé la gueule je crois. Elle m'insupporte, m'exaspère, avec ses grands airs trop sérieux et ses notes impeccables. On dirait une poupée. Une poupée qui joue les gamines fragiles et torturées. Une poupée qui a pensé qu'elle avait le droit de sortir avec mon petit frère, simplement parce qu'il lui a témoigné un peu d'affection. Sincèrement, qu'est-ce qu'il peut lui trouver ? Elle est infâme. Blonde. Hypocrite. Menteuse. Quand elle me croise dans les couloirs elle soupire et lève les yeux au ciel, comme pour bien me signaler que de toute façon Jason était trop bien pour moi. Elle est mince. Les jours de pluie elle va dans un café avec Noah ou bien au cinéma avec Noah ou bien elle fait ses devoirs avec Noah, tout ça sans le moindre sourire. Et Noah pendant ce temps là il est pas avec moi. Et moi pendant ce temps là j'enrage et maudis le jour de sa naissance. Voilà.
Et le pire je crois, c'est qu'elle me ressemble.

Ariane, Ariane. Si pleine de vie, si enthousiaste, si anarchiste, si insolente. Si tout ce que je ne suis pas. Je ne sais pas trop si je l'envie, ou si c'est juste qu'on ne peut pas se voir. On ne se comprend pas, je crois. Elle pense que je suis libre parce que je n'ai pas de parents pour me donner des ordres. Elle pense que ma vie est un doux nuage rose sucré. Conneries. Elle ne se rend donc pas compte de sa chance ? Choyée, aimée par ses parents ? Jamais rien à faire, à part avoir à rentrer à l'heure du couvre-feu ? C'est sûr que pour une bringueuse comme elle, ça doit saouler, mais enfin. Enfin. Elle a une maison, des amis, elle n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, pendant que moi j'étouffe de ne pas réussir à vivre correctement. Et elle me dit que j'ai de la chance, "fuck quoi t'es tranquille". Je me souviendrai toujours de ces mots je pense. Ou en tout cas je vais essayer de les retenir le plus longtemps possible. Pour me rappeler à quel point cette fille est une tarée, à ne pas approcher.

Arlem est un connard. Comme beaucoup de garçons de l'académie, c'est sûr, mais lui c'est encore différent. Il semble prendre un malin plaisir à pourrir la vie des gens. Il paraît s'amuser de mes colères. C'est insupportable. Avec son zippo à deux balles qu'il fait claquer contre mon oreille et qui me fait sursauter à chaque fois. J'essaye pourtant de rester la plus impassible possible, j'essaye pourtant de l'ignorer tant que je peux. Mais c'est tellement... Irritant ! A croire qu'il ne sait pas s'arrêter. Il me pousse à bout de nerfs, avec son petit air arrogant de parfait imbécile. Il me fixe alors que je m'énerve, il sourit alors que je m'enflamme et que je lui hurle de dégager. Il est étrange. Presque dangereux. Mais il ne me fait pas peur, oh non. Parce qu'on fond, je sais qu'il est juste con, affreusement con. Et même si ça me rend furieuse, je suis loin de trembler.
Le jour où il tombera du haut de son ego, il s'en remettra pas. Moi je serai au premier rang pour éclater de rire. Ce sera merveilleux. Je me console avec ça.

Gabrielle, elle vous regarde du haut de son mètre soixante-treize, et elle vous méprise. Elle avance de son pas pressé dans les couloirs de l'académie, elle vous croise, elle vous connaît, elle vous ignore. Elle n'a pas que ça a faire, comprenez ? Les futilités, elle n'a pas le temps. Il faut qu'elle avance, qu'elle range ses affaires, qu'elle fasse ses devoirs, qu'elle n'oublie pas de vérifier qu'elle n'a pas pris de poids avant de s'endormir. Il faut qu'elle s'assure que tout est bien carré dans son monde en angles droits. Il faut qu'elle soit sûre que tout va bien. Il faut qu'elle parvienne à arrêter de s’inquiéter une seconde, pour pouvoir fermer les yeux et s'endormir, jusqu'au lendemain matin où les angoisses reprennent. Gabrielle est peur, Gabrielle est incompréhension, Gabrielle est caprices et insultes et problèmes. Gabrielle est honte. Gabrielle marche sur un fil, un vertige plein le cœur et la tête.

Gabrielle, elle vous regarde du haut de son mètre soixante-treize, et elle vous méprise. Elle avance de son pas pressé dans les couloirs de l'académie, elle vous croise, elle vous connaît, elle vous ignore. Elle n'a pas que ça a faire, comprenez ? Les futilités, elle n'a pas le temps. Il faut qu'elle avance, qu'elle range ses affaires, qu'elle fasse ses devoirs, qu'elle n'oublie pas de vérifier qu'elle n'a pas pris de poids avant de s'endormir. Il faut qu'elle s'assure que tout est bien carré dans son monde en angles droits. Il faut qu'elle soit sûre que tout va bien. Il faut qu'elle parvienne à arrêter de s’inquiéter une seconde, pour pouvoir fermer les yeux et s'endormir, jusqu'au lendemain matin où les angoisses reprennent. Gabrielle est peur, Gabrielle est incompréhension, Gabrielle est caprices et insultes et problèmes. Gabrielle est honte. Gabrielle marche sur un fil, un vertige plein le cœur et la tête.

Gabrielle, elle vous regarde du haut de son mètre soixante-treize, et elle vous méprise. Elle avance de son pas pressé dans les couloirs de l'académie, elle vous croise, elle vous connaît, elle vous ignore. Elle n'a pas que ça a faire, comprenez ? Les futilités, elle n'a pas le temps. Il faut qu'elle avance, qu'elle range ses affaires, qu'elle fasse ses devoirs, qu'elle n'oublie pas de vérifier qu'elle n'a pas pris de poids avant de s'endormir. Il faut qu'elle s'assure que tout est bien carré dans son monde en angles droits. Il faut qu'elle soit sûre que tout va bien. Il faut qu'elle parvienne à arrêter de s’inquiéter une seconde, pour pouvoir fermer les yeux et s'endormir, jusqu'au lendemain matin où les angoisses reprennent. Gabrielle est peur, Gabrielle est incompréhension, Gabrielle est caprices et insultes et problèmes. Gabrielle est honte. Gabrielle marche sur un fil, un vertige plein le cœur et la tête.

Gabrielle, elle vous regarde du haut de son mètre soixante-treize, et elle vous méprise. Elle avance de son pas pressé dans les couloirs de l'académie, elle vous croise, elle vous connaît, elle vous ignore. Elle n'a pas que ça a faire, comprenez ? Les futilités, elle n'a pas le temps. Il faut qu'elle avance, qu'elle range ses affaires, qu'elle fasse ses devoirs, qu'elle n'oublie pas de vérifier qu'elle n'a pas pris de poids avant de s'endormir. Il faut qu'elle s'assure que tout est bien carré dans son monde en angles droits. Il faut qu'elle soit sûre que tout va bien. Il faut qu'elle parvienne à arrêter de s’inquiéter une seconde, pour pouvoir fermer les yeux et s'endormir, jusqu'au lendemain matin où les angoisses reprennent. Gabrielle est peur, Gabrielle est incompréhension, Gabrielle est caprices et insultes et problèmes. Gabrielle est honte. Gabrielle marche sur un fil, un vertige plein le cœur et la tête.