Elehonor
& Zéphyr

La trouveras-tu dans l'obscurité ?

Une partie de cache-cache ?

Il y a des fois où j’ai envie de me faire des frayeurs sans être pour autant masochiste… J’ai besoin de cette dose d’adrénaline, vous savez cette étincelle qui me fait vibrer, qui me rend fébrile d’excitation face à l’inconnu. J’ai rarement connu la peur, les seules traces appartiennent à mon passé. Ce soir, l’envie m’a assailli. Je veux savoir si ce sentiment de courage, de témérité n’est que fanfaronnade. J’adore tester mes limites. Je sors de ma chambre bien après le couvre-feu. Je prie que ma porte ne grince pas et ne claque pas. Aujourd’hui est mon jour de chance. J’ai beau avoir parcouru à la fois les couloirs de la résidence et le domaine d’Akuriru sans qu’une ombre ne vienne me repérer et m’intercepter. Oh j’évite évidemment les lieux où les élèves ont l’habitude de traîner même tard le soir. Par deux fois, j’ai quasi failli à ma discrétion, une fois à cause de mon ventre et une autre par mon oubli de la présence de quelques caméras…

Après avoir escalé des arbres – vive le sport -, je pus sortir de l’enceinte de l’académie. Pfiou, je ne peux m’empêcher de m’essuyer avec un mouchoir mon front. Première étape réussie. J’esquisse un sourire de contentement. Je tâte mon sac en bandoulière et m’éloigne des grilles de l’école. J’ai fait en sorte de m’habiller de manière à ce qu’on s’approche pas de moi et à ne pas attirer l’attention : sweet large avec la capuche relevée pour dissimuler mon visage, un pantalon peu moulant et des baskets. Il ne faut pas qu’on reconnaisse que je suis de la gente féminine. Je frisonne légèrement, il y a une brise fraîche qui souffle cette nuit… Je continue mon chemin, suivant les lumières tamisées de la ville. Je me dirige d’un pas lent vers le quartier résidentiel des lieux. Ma cible est les rues délabrées…

Je croise très peu de monde, vu l’heure beaucoup de monde devait roupiller dans son lit. Tant mieux. Plus je me rapproche de l’enclave où rares sont ceux qui daignent s’y aventurer, plus je me mets à sourire. C’est exactement l’ambiance que je cherche. Certains de mes camarades ont établi un parcours de courage dans ces lieux. Il y aurait non loin une maison hantée par divers esprits mais personne n’a pu réellement en apercevoir… J’espère pouvoir élucider le mystère voir mieux établir une sorte de base secrète. Je sors ma lampe torche de mon sac et déambule dans ce quartier mal vu par les habitants de la ville. L’atmosphère est comme prévue pesante. Le silence règne en maître que cela en devient désagréable. Le moindre bruit même anodin peut en faire sursauter plus d’un.

J’avance encore u peu et constate l’état des lieux. Les maisons sont en ruine, la végétation semble avoir repris ses droits, assombrissant les habitations voir même à leur donner une forme étrange… Etrangement, je deviens méfiante, faisant tournoyer ma lampe torche pour illuminer toute la zone autour de moi. Je ne suis pas effrayée mais plutôt méfiante alors que je ne devrais pas. En tout cas, les rumeurs sont bien fondées. Un certain mal-être m’envahit mais aussi un sentiment de joie. Je sens que je ne vais pas être déçue ce soir… Il me semble avoir entendu des pas derrière moi… J’éteins ma lampe et me dirige doucement derrière un lampadaire et attendit que la présence se rapproche pour l’effrayer…

Il faisait nuit. Mais cela ne l’effrayait pas. Il se promenait souvent le soir, parce qu’il faisait calme et qu’il avait besoin de la fraîcheur que le vent pouvait procurer en l’absence du soleil. Rien de mieux pour lui. Après tout, Zephyr sortait assez souvent sans qu’on puisse le voir. Il aimait beaucoup le fait de maîtriser l’air. Cela lui était fort utile pour sortir en silence. Ainsi, ce fut d’une manière bien élégante qu’il sauta au-dessus des grillages, et qu’il allait faire un tour dehors.

Il était habillé légèrement. Un T-Shirt à manches longues, un vieux jean et des chaussures simples, ses yeux foncés ressemblaient à deux perles d’onyx sous l’obscurité, tandis qu’il avançait silencieusement dans les rues calmes de la ville. C’était vraiment agréable pour lui ne pas avoir à entendre tous les bruits de la journée, et de voir tout ce que lui montrait son pouvoir…

D’ailleurs, il avait l’impression de tenir ça de sa mère. S’arrêtant au plein milieu d’une rue, il regarda autour de lui, comme s’il était soudainement épié. Mais ce n’était pas le cas. Il n’aimait pas penser à ses parents. Il y avait tellement de choses que sa mère lui avait racontées, et maintenant, il avait l’impression que ce n’était pas que des histoires. Au contraire. Il avait même l’impression que c’était ici que ça s’était déroulé.

Mais c’était différent de ce qu’elle avait dit.

Passant une main dans sa tignasse sombre, le jeune homme avançait sans se soucier d’où il allait. De toute manière, il ne se souciait de pas grand-chose, hormis peut-être quand il était abordé. Mais peu de gens venaient lui parler, simplement parce qu’il n’était pas bavard, ou parce qu’il avait cet air rêveur que peu de gens pouvaient interpréter. Et donc, de ce fait, on ne lui parlait pas souvent. Seulement en cas de besoin.

Ce qui ne lui déplaisait pas non plus. Le silence était son meilleur ami après tout. Il ne pouvait pas le trahir. Peu de choses pouvaient le faire.

Silencieux toujours, il remarqua vite qu’il était arrivé dans un endroit presque en ruine, où la végétation avait repris ses droits, éclairé par de faibles rayons provenant d’un lampadaire non loin. Il s’avança prudemment, sans pour autant montrer une quelconque inquiétude. Il avait peur de peu de choses, et justement, peu de choses pouvaient le surprendre. Il savait le pire chez une personne. Alors qu’est-ce qui pouvait l’effrayer au juste ?

Pourtant, en arrivant devant le lampadaire, il regarda une nouvelle fois autour de lui. Et ses yeux se posèrent sur un filament noir, que lui seul pouvait voir.

La fumée.

Il leva les yeux, mais ne voyait personne. Elle était donc cachée dans le buisson. Penchant la tête sur le côté, Zephyr eut une mine indifférente, tandis qu’il prit la parole.

« Pas la peine de te cacher. Tu ne me feras pas peur. »

C’était sûrement un gamin qui voulait jouer. Après tout, qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? Un élève ? Pourquoi pas. Dans ce cas, il y avait sûrement un autre but. M’enfin, il faisait ce qu’il voulait, Zephyr n’allait pas se tracasser pour quelque chose qui ne le regardait pas.
Sauf s’il était concerné. Ce qui était peut-être le cas ?

Ses prunelles sombres scrutaient le buisson, tandis que la faible lumière éclairait ses iris en de fine lueurs caramel. Qui donc se cachait dans ce buisson ?